dimanche

Les harmots

Pour les sociétés traditionnelles, le choix d'un signifiant (signe, caractère ou symbole) n'est jamais arbitraire, mais circonstanciel. Le signifiant ne se contente pas de représenter le signifié, il le porte et le révèle par le truchement d'une interprétation. En deux mots, il contient le signifié. Là où la pensée rationnelle se contente de noter, de définir (= rendre fini) et de classifier, la pensée magique (religieuse ou artistique) associe et dévoile.
Appliqué à l'onomatique (étude des noms propres et communs), le principe d'autoconnexion révèle une interaction de toutes les parties d'un nom entre elles - ces parties étant tous les mots, anagrammes ou non, que l'on peut former en combinant les lettres du nom. Plutôt que logogriphes (terme officiel ne renvoyant à rien susceptible d'étayer notre recherche), j'appellerai ces mots inclus des harmots, mot fabriqué à partir de "harmonique" et de "mot". En musique, le terme "harmonique" renvoie à la notion de son contenu dans un son fondamental. De même qu'un son harmonique est accordé au son qui le produit, on peut dire qu'un harmot est accordé au nom le contenant. La différence entre les deux contextes (littéral et musical) réside dans le fait que l'ensemble des harmots d'un nom est toujours fini, ce qui n'est pas le cas de l'ensemble des harmoniques.
Tout harmot étant une partie du nom, il se voit donc investi du même pouvoir signifiant que le nom. Si le nom (signifiant littéral), représente le signifié, il s'ensuit que l'harmot, partie du nom, représente une partie du signifié.
L'ensemble des harmots pour un nom donné constitue le champ phonétique du nom. Cette définition peut être généralisée à l'ensemble des mots (noms, adjectifs, adverbes).
J'appellerai parasémantique une branche de la linguistique traitant de la signification des mots considérés exclusivement comme des parties signifiantes autoconnectées.

En matière d'exemple, je donne ici deux listes d'harmots tirées de deux noms propres ("Lascaux", "Léonard de Vinci").

LASCAUX

causal / calas (caler) / calus / causa (causer) / culas (culer) / laças (lacer) / luxas (luxer) / salua (saluer) / sauça (saucer) / Scala (théâtre) / axas (axer) / casa (caser) / culs / lacs / lacs (noeud et formes) / suça (sucer) / aux (article pluriel et terminaison du pluriel) / cal / las / lus / lux (nom) / sac / sal (nom) / sax (nom) / sua / suc / usa /.

Certains harmots peuvent constituer des radicaux : asc, asca, sca, scal, cau, alca, cal, calu, lax, lux, lasc ...
On cherche alors tous les mots contenant, par exemple, le radical alca.

Un nombre impressionnant de racines indo-européennes se trouvent dans LASCAUX.

ALW (prononcer ALUA) : idée de longue durée.
AK : idée générale de pointe.
AKS : essieu, axe.
AKS : hache, pioche.
AKW : eau, considérée comme vivante.
AL : nourrir.
AL : autre.
AS : idée de sécheresse.
AU : ou bien.
AUS : aurore.
AUS : oreille.
AW : désigne un ancien dans la famille.
AW : passer la nuit dans un abri.
AW : oiseau.
CALX : talon (fouler aux pieds, chaussure, inculquer).
CAS : manquer de.
CASA (latin) : hutte.
CAUSA (latin) : cause.
KAL (KLA) : frapper.
KAL (KLA) : idée de chaleur.
KAU : tailler.
KAUL : creux.
KU : embrasser.
Kw : interrogatif, indéfini et relatif.
LA : crier et chanter.
LAK : voir.
LAK : déchirer.
LAK : idée de sauter.
LAK : bassin, fosse, lac.
LAS : idée d'avidité.
LAU : prendre comme butin.
LAUS : louange.
LAX : ruse, séduction. Est à l'origine de LACS (piège) qui a donné ENTRELACS (motifs superposés).
LEUK : idée de briller. A donné LUX en latin (lumière).
SAC : idée de sacré.
SAL : salle.
SAL : sauter.
SAL : sel.
SAL : saule.
SAL (SOL) : entier, intact.
SKA : jeter une faible lueur. A donné SCENE en français (par le latin).
SU : porc.
SWA : idée de douceur.
U (OU) : idée de vide.
UL : cri d'animal.
WAL (UAL) : exprime la force, la puissance.
WALS : pieu.

N'allons pas conclure de cette nomenclature que le langage des hommes de Lascaux est à l'origine de l'indo-européen ! Le mot "alask" présent dans "Lascaux" fait plus penser aux langues de l'extrême-nord qu'à l'indo-européen (cela n'exclut pas les collusions évidemment).
Concernant cette étude, deux points sont à retenir :
1) Les harmots trouvés dans Lascaux nous renseignent par image sur le mode de vie et de pensée, très riche, des hommes de la fin du paléolithique. En ce sens (et c'est valable pour toute étude), les harmots sont à prendre au sens figuré beaucoup plus qu'au sens propre, bien que, dans certains cas, ils puissent l'être au sens propre. Le verbe "lacer", par exemple, s'entend au sens propre comme au sens figuré (entrelacer, dessiner).
2) Notre interprétation moderne de Lascaux est sujette à caution. Pourquoi faire une fixation sur le mode religieux et magique dès que nous abordons les sociétés du passé lointain ? La superstition ne serait-elle pas de notre côté ? Car peu de chose dans cette étude a directement rapport au sacré, bien qu'il soit présent (la racine "sac"). Il semble évident que ces femmes et ces hommes avaient une conception très évoluée de la vie et de la communication (cette dernière étant très libre, y compris sur le plan sexuel). Il faut se faire à l'idée que les peintures de Lascaux ne sont le fait que de quelques individus spécialisés en représentations plastiques, comme d'autres l'étaient dans la chasse ou la cuisine. Rien ne permet raisonnablement de se focaliser sur une intention magique à propos des peintures, à moins de considérer qu'un musée ou un papier peint soient des signes ostentatoires de communication avec les esprits !

Liste des harmots les plus représentatifs pour LEONARD DE VINCI.

DECA-
DECADE
DECALER
DECAN
DECENNAL
DECLIVE
DEDALE
DELAVé
DELAVER
DERIVE
DEVALER
DEVANCER
DEVENIR
DEVIER
DEVIN
DEVINER
DEVOILER
DEVOIR
DIACRE
DIEDRE
DIODE
DIVINE (LA)
DODECA-
DOLINE
DONNEE
DRAIN
VALENCE
VALIDER
VALOIR
VEDA
VELI-
VELAIRE
VELCRO
VELIN
VELO
VELOCE
VERIN
VERLAN
VERNAL
VIA
VIDE
VIDEO
VIE
VIOLACE (E)
VIOLE
VIREE
VIROLE
VOCAL (E)
VOIE
VOILE
VOILER
VOIR
VOL
VOLER (A)
VOLCAN
VOLEE
VOLIERE
VRAI (E)
CADDIE
CADRAN
CADRE
CALORIE
CANON
CANULE
CARDIO-CARENE
CAVE
CAVERNE
CELADON
CELER
CENDRE
CENDRé
CENE
CERNé
CIEL
CILIE(E)
CIRE
CIRE(E)
CIVIL (E)
CLAIR (E)
CLAVIER
CLE/CLIN (D'OEIL)
CLIVER
CODE
CODER
COIN
-COLE
CONE
CONVOI
CORAIL
CORDE
CORINDON
CORNEE
CRAIE
CRANE
CREDO
CRIN
CRINIERE
CRINOLINE
LANCE
LANCEE
LANCER
LAVE
LAVER
LEçON
LEVAIN
LEVER
LEVIER
LIEN
LIER
LIRE
LOCAL (E)
LOIN
LOIN
NACRE
NANO-
NARINE
NAVIRE
NECRO-
NEO-
NEON
NIVAL
NOIR (E)/NONCE/
NORD
NORIA
NOVICE
NOVA
ICONE
ICTERE
IDEAL
IDEE
IDEO-
IDOLE
ILEON
INCARNE (E)
INCENDIE
INCENDIER
INCREE
INDICE
IDIO-
INNE (E)
INNOVER (A)
INONDER
IODE
ION
IVRAIE
ACIDE
ACIER
AEDE
AERIEN
AERO-
AILé
AILERON
ALCOVE
ANCIEN
ANCRE
AVE
AVEC
AVEN
AVION
AVIRON
AVRIL
OCEAN
OCRE
ODE
OEIL
OENO-
OINDRE
ONDE
ONDEE
ONDINE
ORACLE
ORAL (E)
ORDALIE
ORDINAL
ORNE (E)
ECLAIR
ECLORE
ECO-
ECOLE
ECRAN
ECRIVAIN
EDEN
ELAN
ENCADRé
ENCRE
ENDO-
ENVOI
ENVOL
EOLIEN
ERODé
EVEIL
RACINE
RADIE (E)
RADIO
REEL
RELIé
REVE
RIEN
RINCE (E)
RIVE
ROI
ROND (E)

mercredi

Principe d'autoconnexion

Le principe d'autoconnexion

1) En biophysique

Un système est autoconnecté si tous les éléments le constituant sont connectés entre eux.
Chaque élément est autonome (possède une fonction spécifique) et interdépendant de tous les autres. Il n'existe pas de hiérarchisation puisque pas d'élément "dominant". La perte ou la suppression d'un élément (d'une fonction) peut entraîner l'affaiblissement ou la mort de l'ensemble.
Ex : le cerveau, l'écosystème (où les éléments sont des vecteurs et des flux, non des individus).
Tout élément d'un système autoconnecté est une connexion.

2) En sémantique

L'autoconnexion est la propriété de tout objet (concret ou abstrait) à se définir comme l'ensemble de ses référents. Pour toute "chose", l'ensemble des référents est l'univers entier. Pour tout objet indéfini, l'ensemble des référents est l'ensemble de tous les objets.
Pour un objet défini (par exemple : une couleur), l'ensemble des référents est l'ensemble des objets ayant une connexion proche ou lointaine avec cet objet.
Tout objet sémantique est donc un ensemble virtuel contenant son référentiel (ensemble des référents).

3) En mathématique

Un ensemble est autoconnecté si chacune de ses parties est ensemble virtuel de l'ensemble de ses parties.