vendredi

Il existe une logique non binaire incompatible avec l'informatique

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La création d'un robot à comportement imprévisible (capable de prendre une décision non stéréotypée dans n'importe quelle situation) se heurte à un paradoxe.
Pour que ce fait soit possible (en théorie), il faudrait qu'un robot (au moins) sur 100 milliards ait un comportement imprévisible dans une situation donnée. Ce qui met en contradiction le principe de reproductibilité inhérent à toute expérience scientifique, et, à fortiori, à toute forme de technologie. En clair, cela signifie qu'une expérience scientifique non reproductible à volonté n'aurait plus rien de scientifique.
De la même manière, un robot à comportement imprévisible ne serait plus un "robot". Ce serait un être humain (à moins de lui faire faire des actions aléatoires, mais là n'est pas notre propos).
Or, pour concevoir une telle machine (qui n'en est plus une !), il faudrait un temps infini, car la création (mécanique) d'un algorithme d'imprévisibilité (non aléatoire) simulant l'intelligence humaine implique une programmation omnisciente. Et, pour construire une telle machine, il faudrait tellement de circuits neuronaux artificiels que l'univers entier ne pourrait les contenir !
Un robot, même hypercomplexe, ne pourra donc fonctionner que sur un ensemble d'instructions fini, le rendant néanmoins apte à résoudre et à raisonner dans tous les domaines de la pensée binaire (calcul, administration, jeux de réflexion, stratégie, comparaison, déduction, optimisation, composition musicale formelle, linguistique fonctionnelle ...), ce qui n'est déjà pas si mal.
D'autre part, il y a la grande loi de la thermodynamique, qui veut qu'un système ne peut de lui-même refaire le plein d'énergie (c'est pour cette raison que l'on vieillit). Appliqué à l'IA (intelligence artificielle), cela signifie qu'au même niveau hiérarchique deux êtres pensants (ou simplement vivants) ne peuvent se créer l'un l'autre. Pour que ce fait soit réalisable, il faudrait pouvoir remonter la flèche du temps !
La création artificielle de la vie n'aboutira jamais à la création d'un être pensant pour l'unique raison qu'elle est subordonnée à la création naturelle. Cette dépendance de nature ontologique induit que l'approche mécaniste ne peut avoir une compréhension globale de la création naturelle, laquelle met en œuvre des processus de synthèse et d'auto-restauration inimaginables de puissance et de complexité, sans commune mesure avec nos systèmes analytiques et sérialistes se résumant toujours à plus ou moins long terme à une destructuration du milieu, quand ce n'est pas à une destruction pure et simple (la médecine la plus efficace, aujourd'hui, ne fait jamais qu'éradiquer - tumeurs, virus - ou remplacer - greffe).
Même si la science gagne à copier la nature dans ses plus intimes détails, ce ne sera jamais qu'une copie. Le processus analytique aboutira peut-être à des synthèses partielles, mais jamais à une synthèse totale, donc à la vie. Et si, par extraordinaire, il le faisait, il s'agirait d'un paradigme différent impliquant des facteurs non quantifiables tels que l'intuition, la vision, l'empathie, l'analogie (lesquels ne sont pas pris en compte dans la démarche dite "scientifique"). D'où le paradoxe : si la science se met à créer, elle se renie en tant que science.
Dans la mythologie grecque, Pygmalion a créé une sculpture étrange et envoûtante (Galatée) , et il l'a créée à son niveau d'homme.
Seule l'intervention d'Aphrodite a métamorphosé la sculpture de Pygmalion en être vivant et pensant.

jeudi

Si Dieu est bon, d'où vient le mal ?

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Si Dieu est bon, d'où vient le mal ? Et, si Dieu n'a pas créé le mal, est-il le seul créateur ?
Peut-on résoudre ce paradoxe des anciens gnostiques, repris aujourd'hui par les philosophes analytiques et les sceptiques (et les déprimés) ?

1) Dieu infiniment bon crée un monde bon et lumineux - ce qui n'exclut pas l'ombre en tant que complémentaire de la lumière. Sans alternance dehors-dedans, pas d'univers possible.
Ce monde est lumineux car il n'est pas entaché par le mal. Nous dirons qu'il est en même temps parfait et indéterminé, car infini dans ses manifestations potentielles. Un monde "mauvais" serait nécessairement déterminé et limité dans ses manifestations (il n'y aurait pas de hasard, nous saurions tout à l'avenir).

2) Quand le monde est créé, le mal n'existe pas, non plus que le temps, tout au moins sous la forme que nous connaissons (vieillissement et entropie). Nous pouvons parfaitement nous représenter un tel monde, à condition d'imaginer d'autres formes de conscience, présupposition logique dans un monde infini.
Donc, le monde créé par Dieu est nécessairement bon car l'improbable y est possible.

3) Si Dieu est bon, il crée nécessairement un être doué de raison, c'est à dire capable de choix. Un Dieu "mauvais" ne peut créer qu'une créature privée de libre-arbitre, un automate. Un être doué de raison est capable de décisions improbables, sinon c'est un être limité et enchaîné à son créateur.

4) Dieu n'est pas responsable du choix opéré par sa créature, seulement de sa conception. Si Dieu intervenait dans le choix de sa créature, ce serait un Dieu "mauvais", car sa créature ne serait pas libre. Une mère est-elle responsable des crimes commis par son enfant à l'âge adulte ? Non, elle est seulement responsable d'avoir conçu cet enfant.

5) La créature décide de faire un choix contraire aux intérêts voulus par son créateur : elle se révolte. C'est son droit le plus strict, sinon elle ne serait pas libre, et Dieu serait "mauvais".

6) Si Dieu est tout-puissant, son univers est magique, en ce sens que la créature révoltée se retranche d'elle-même du monde créé par Dieu. Si cela n'était pas, Dieu lui-même serait entaché par le mal, ce qui est absurde (il ne serait pas tout-puissant).
Ce monde parallèle dans lequel se retranche la créature révoltée, c'est notre monde.
C'est parce que le monde originel est parfait, donc improbable dans ses conséquences, que l'imperfection y apparait.
Ce qui ne signifie pas que l'imperfection devient la loi du monde créé par Dieu, qui est éternellement parfait (car indéterminé). Ou encore que l'imperfection DEVAIT apparaître. L'imperfection est éternellement subordonnée à la perfection divine, car liée seulement à la créature. Le mal absolu ne peut prétendre à l'éternité puisque son pouvoir d'action est limité au monde de la créature (monde relatif de la subordination).
La créature est libre de renoncer à Dieu mais incapable de s'égaler à Dieu, sinon le monde créé par Dieu ne serait pas parfait, et Dieu ne serait pas tout-puissant.

7) L'imperfection s'applique seulement aux conséquences induites par le choix de la créature et non à la créature elle-même, qui est parfaite en tant que création de Dieu (car imprévisible). Une créature imparfaite ne pourrait prendre que de mauvaises décisions (c'est à dire limitées), et, encore une fois, Dieu serait un Dieu "mauvais".
Cette imperfection entraîne cependant que Dieu ne peut se manifester dans notre monde que par des signes que nous pouvons nous efforcer de déchiffrer. Nous pouvons aussi nier tout simplement ces signes (puisque nous sommes libres).

8) Dieu étant un Dieu "très bon", il n'a jamais parié sur la possibilité d'une chute réelle de sa créature, même si cette possibilité lui était connue.
Donc, Dieu n'est pour rien dans notre mal, sinon il serait "mauvais" et nous ne serions pas libres de choisir entre Dieu et ses simulacres.

vendredi

La guerre

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Le responsable d'une guerre n'est pas le dictateur qui impose la guerre à son peuple, mais le peuple qui lui obéit.
Plus la désobéissance passive est développée, moins les erreurs de l'histoire se répètent.
Qu'est-ce que la désobéissance passive ?
- C'est opposer à l'agitation du pouvoir l'immobilité du non-savoir.
Le pouvoir est un savoir, car il s'enseigne.
Le savoir est un pouvoir, car il se montre.
Le non-pouvoir n'est pas un savoir : c'est l'auxiliaire du non-savoir.
Le non-savoir n'est pas un pouvoir : c'est la graine de la transformation.

Nous rejetons l'innocence car nous prétendons savoir.