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Si Dieu est bon, d'où vient le mal ?

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Si Dieu est bon, d'où vient le mal ? Et, si Dieu n'a pas créé le mal, est-il le seul créateur ?
Peut-on résoudre ce paradoxe des anciens gnostiques, repris aujourd'hui par les philosophes analytiques et les sceptiques (et les déprimés) ?

1) Dieu infiniment bon crée un monde bon et lumineux - ce qui n'exclut pas l'ombre en tant que complémentaire de la lumière. Sans alternance dehors-dedans, pas d'univers possible.
Ce monde est lumineux car il n'est pas entaché par le mal. Nous dirons qu'il est en même temps parfait et indéterminé, car infini dans ses manifestations potentielles. Un monde "mauvais" serait nécessairement déterminé et limité dans ses manifestations (il n'y aurait pas de hasard, nous saurions tout à l'avenir).

2) Quand le monde est créé, le mal n'existe pas, non plus que le temps, tout au moins sous la forme que nous connaissons (vieillissement et entropie). Nous pouvons parfaitement nous représenter un tel monde, à condition d'imaginer d'autres formes de conscience, présupposition logique dans un monde infini.
Donc, le monde créé par Dieu est nécessairement bon car l'improbable y est possible.

3) Si Dieu est bon, il crée nécessairement un être doué de raison, c'est à dire capable de choix. Un Dieu "mauvais" ne peut créer qu'une créature privée de libre-arbitre, un automate. Un être doué de raison est capable de décisions improbables, sinon c'est un être limité et enchaîné à son créateur.

4) Dieu n'est pas responsable du choix opéré par sa créature, seulement de sa conception. Si Dieu intervenait dans le choix de sa créature, ce serait un Dieu "mauvais", car sa créature ne serait pas libre. Une mère est-elle responsable des crimes commis par son enfant à l'âge adulte ? Non, elle est seulement responsable d'avoir conçu cet enfant.

5) La créature décide de faire un choix contraire aux intérêts voulus par son créateur : elle se révolte. C'est son droit le plus strict, sinon elle ne serait pas libre, et Dieu serait "mauvais".

6) Si Dieu est tout-puissant, son univers est magique, en ce sens que la créature révoltée se retranche d'elle-même du monde créé par Dieu. Si cela n'était pas, Dieu lui-même serait entaché par le mal, ce qui est absurde (il ne serait pas tout-puissant).
Ce monde parallèle dans lequel se retranche la créature révoltée, c'est notre monde.
C'est parce que le monde originel est parfait, donc improbable dans ses conséquences, que l'imperfection y apparait.
Ce qui ne signifie pas que l'imperfection devient la loi du monde créé par Dieu, qui est éternellement parfait (car indéterminé). Ou encore que l'imperfection DEVAIT apparaître. L'imperfection est éternellement subordonnée à la perfection divine, car liée seulement à la créature. Le mal absolu ne peut prétendre à l'éternité puisque son pouvoir d'action est limité au monde de la créature (monde relatif de la subordination).
La créature est libre de renoncer à Dieu mais incapable de s'égaler à Dieu, sinon le monde créé par Dieu ne serait pas parfait, et Dieu ne serait pas tout-puissant.

7) L'imperfection s'applique seulement aux conséquences induites par le choix de la créature et non à la créature elle-même, qui est parfaite en tant que création de Dieu (car imprévisible). Une créature imparfaite ne pourrait prendre que de mauvaises décisions (c'est à dire limitées), et, encore une fois, Dieu serait un Dieu "mauvais".
Cette imperfection entraîne cependant que Dieu ne peut se manifester dans notre monde que par des signes que nous pouvons nous efforcer de déchiffrer. Nous pouvons aussi nier tout simplement ces signes (puisque nous sommes libres).

8) Dieu étant un Dieu "très bon", il n'a jamais parié sur la possibilité d'une chute réelle de sa créature, même si cette possibilité lui était connue.
Donc, Dieu n'est pour rien dans notre mal, sinon il serait "mauvais" et nous ne serions pas libres de choisir entre Dieu et ses simulacres.

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